Les homeless au travail ?

SDF et assistance sociale à New York


Faculté des Sciences Humaines et sociales

Sorbonne

Département des Sciences sociales

Maîtrise de Sociologie

Réalisé sous la direction de :

Jean Copans

Anne-Marie Guillemard

 

Emilie CURINIER

Année 2000-2001

 

Résumé

Cette recherche étudie les modalités de prise en charge sociale et politique des sans-abri à New York. Elle met l’accent sur les relations entre l’assistance sociale (welfare), forme générale de l’aide aux pauvres, et les mesures visant spécifiquement les sans-domicile. Les notions de mérite, de mise au travail et d’enfermement balisent théoriquement cette comparaison. Cette étude s’appuie sur un travail de terrain mené dans deux institutions new yorkaises d’hébergement.

On montre dans un premier temps que la catégorie homeless est le produit d’une construction sociale et intellectuelle tout au long du siècle. L’élaboration de politiques ciblées à partir des années 1980 s’adosse à une nouvelle conception du " problème SDF ", rattaché à la thématique de l’underclass.

La société américaine conçoit la pauvreté comme un problème individuel qui doit être traité par la mise au travail et le contrôle de la vie privée, comme le montre la réforme de l’assistance sociale de 1996. Le nouveau welfare est marqué par une forte décentralisation, par une mise sous condition des prestations sociales, par la reconnaissance du pouvoir discrétionnaire du personnel chargé de sélectionner les pauvres secourables.

La ville de New York a bâti au cours des années 1980 un système hiérarchisé et segmenté d’aide aux sans-abri qui complète la politique répressive menée contre cette population. Les institutions de secours ont été privatisées mais demeurent étroitement contrôlées par l’administration publique. Elles sont engagées dans un processus d’adaptation aux pressions de l’environnement qui va de la " conformisation " à la " résistance ".

Les exigences du welfare tendent à être imposées à leurs résidents. Les familles sans-domicile sont les cibles privilégiées de ce contrôle social. Les hommes seuls, pauvres non-méritants par excellence, n’ont droit qu’à une aide minimale, d’abord destinée à les maintenir hors de la rue. Placés en position de subordination, les sans-abri sont néanmoins capables de manipuler les règles de l’assistance et de participer à la construction de leur identité et de leur statut social.

Une comparaison France / Etats-Unis des modes de prise en charge de la pauvreté montre que les politiques actuelles tendent à exiger des bénéficiaires des contreparties à l’aide qui leur est attribuée. La question SDF renvoie à des enjeux communs : affectation de l’espace public, dialectique de la répression et de l’assistance, relations entre les différents niveaux de décisions politiques, entre l’administration publique et les associations.

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